samedi 31 mai 2014

Un concert - Making of - Episode 4: Répétitions

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, je continue cette série sur les préparatifs d'un concert.
Après avoir fait quelques ateliers, choisi mon matériel, et programmé mon clavier, c'est maintenant l'heure de répéter tous ensemble.

Il faut savoir qu'il existe plusieurs types de répétitions.

La répétition de mise en place:
Il y a des répétitions où un groupe arrive, se demande quoi jouer, et chacun commence à chercher quoi faire sur un morceau. J'appelle ça des répétitions de mise en place, où chacun doit apprendre à jouer le morceau, et trouver quoi faire. C'est généralement ce que font des groupes quand ils composent ensemble. Dans ces cas-là, les répétitions sont alors régulières, et nombreuses. Elles peuvent se faire un peu n'importe où tant qu'il y a un minimum de matériel pour que chacun ait du son.
Dans cet exemple des concerts de Clara Neville, c'est en gros le travail que nous avons fait lors de nos petits ateliers avec André, David, et Clara. Après ces ateliers, chacun savait quoi faire, il restait à répéter... ce qui m'amène à parler de l'autre type de répétitions.


La répétition du concert:
Cela fait plusieurs années que je ne joue plus dans des groupes qui répètent régulièrement, c'est donc ces répétitions-là que je connais le mieux.
Dans ce cas-là, tout le monde connait sa partie, chacun est prêt à jouer en groupe, il ne reste qu'à... jouer en groupe, dans des conditions qui rappellent la scène. Ca se fait généralement en studio de répétition, insonorisé, ce qui permet de monter le volume et de jouer avec un niveau qui sera celui qu'on aura pendant le concert.
Avec Clara Neville, nous avons 2 répétitions avant le concert du 7 juin. Elles ont lieu au studio Luna Rossa. C'est la 1ere fois où nous nous retrouvons tous ensemble.


Ceci n'est pas un déménagement,
c'est ce que je prends pour aller répéter.
Chacun arrive avec son matériel, se trouve une place dans le studio, se branche, fait connaissance (c'est la première fois que Clara, André et moi rencontrions Luc, le batteur), et on commence à jouer.
C'est pendant cette répétition qu'on fait quelques ajustements, qu'on travaille les débuts et les fins de morceaux, que j'ajuste mes sons (généralement, j'affine toujours mes programmations lors de ces répétitions, il y toujours un son plus fort que les autres, un qui ne sonne pas comme il devrait...)

Une répétition de ce genre se passe généralement en deux temps:
- On commence par filer les morceaux: on commence, et on se donne rendez-vous à la fin du morceau. Là, on discute pour savoir s'il y a des remarques, des questions, des choses à changer, et on les note avant de passer au morceau suivant. 
On ne commence pas à travailler en détail sur le morceau pour une raison simple: on ne se connait pas assez, musicalement parlant, pour savoir si les imperfections étaient dues à l'un d'entre nous ou au jeu en groupe. Le fait de faire tous les morceaux d'un coup permet de jouer assez longtemps pour commencer à savoir comment on se comporte en tant que groupe.

Tout mon matériel branché
- Ensuite, une fois tous les morceaux joués une fois, on va commencer le travail de détail sur chaque morceau. Là, on commence généralement par rejouer le morceau en entier avec les modifications notées précédemment, puis on revient sur les parties qui posent problèmes, quitte à jouer une bonne dizaine de fois une fin pour bien la réussir et que personne ne se pose de questions dessus !

La dernière répétition avant un concert est généralement dédiée au filage du set. On enchaine tous les morceaux, dans l'ordre où ils seront joués, avec un minimum de temps entre les morceaux.
Une petite remarque en passant: allez savoir pourquoi, mais on dit de cette répétition que plus elle est mauvaise, plus le concert sera bon... chose qui s'est vérifiée déjà pas mal de fois. En revanche, l'inverse ne se vérifie pas forcément.

Le prochain article sera sur le jour du concert. Je le posterai quelques heures avant de jouer, vous aurez du coup toutes les infos sur la préparation du concert de Clara Neville, vous n'aurez plus qu'à venir voir le résultat sur le bateau El Alamein, à 20h30 !

samedi 24 mai 2014

Un concert - Making of - Episode 3: la programmation

Hello !
Cet article fait suite au précédent qui parlait du choix des claviers.
Alors je suis maintenant fixé, et je n'en prends qu'un seul, mon Kurzweil pc3.

C'est maintenant le moment de programmer le clavier, mais qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?

Il faut savoir qu'en musique, il y a plusieurs programmations:
- la programmation qui consiste à créer ou à éditer un son
- la programmation qui consiste à créer une séquence de sons (c'est très utilisé sur des sons de batterie)
- la programmation qui consiste à configurer le matériel pour le live. Ca regroupe pas mal de choses, dont les changements de sons, les séquences à envoyer, les paramètres des effets...

C'est de cette dernière programmation qu'il est question aujourd'hui (cet été, je ferai des mini-tutoriaux sur la synthèse et vous montrerai comment créer un son de A à Z).

Multis, splits et layers
Voilà des mots bien compliqués qui demandent des explications, puisqu'ils sont la base de ma programmation.
Un clavier a plusieurs modes de fonctionnement:
- on parle de single ou sound quand on utilise un seul son (un piano, par exemple).
- on parle de multi quand on utilise plusieurs sons, mais il est alors possible d'utiliser des sons soit ensemble, soit chacun sur une portion du clavier définie.
- on utilise le terme layer quand plusieurs sons sont superposés.
- on parle de split quand les sons sont séparés sur des parties différentes du clavier.
Evidemment, il est possible de combiner plusieurs splits et layers.


Action !
Je vais maintenant prendre un exemple concret pour le concert de Clara Neville.
Je prends la programmation que j'ai faite pour le morceau "Je t'aime à bout portant"
Sur ce morceau, j'ai besoin d'un son de piano électrique Wurlitzer, d'un piano électrique Rhodes, et de nappes. Le Wurlitzer et le Rhodes jouent sur les couplets, mais pas au même moment.
Le Rhodes et les nappes jouent sur les refrains.
- Le Wurlitzer ne jouant que sur les couplets, seul, aura sa propre zone, ce sera donc un split.
- Le Rhodes et les nappes seront des layers, sur une autre zone.

Ici, on voit les 4 sons que je vais utiliser, ainsi que leurs zones respectives
Mais évidemment, ça ne s'arrête pas là. Pour avoir une évolution sur le morceau, notamment sur les refrains, je choisis d'avoir plusieurs sons de nappes différents, histoire de faire évoluer mon son.

Voilà donc l'inventaire des sons en présence:


Tout est sous contrôle !
Sur l'extrait du Rhodes, vous pouvez entendre un tremolo, ainsi qu'une distorsion. Ces effets sont tous contrôlés en live. Un molette de modulation me permet de contrôler la profondeur du tremolo, et un fader me permet de gérer la distorsion. Ce sont les mêmes contrôles pour le Wurlitzer.
J'utilise également d'autres faders pour gérer le volume de chaque partie, ce qui me permet de faire rentrer chaque instrument progressivement.

Les 9 faders et 2 molettes du PC3, et la pédale de délai.

A tous ces sons, je vais ajouter un délai (en l'occurrence, ma pédale Eventide TimeFactor). Elle aussi peut être contrôlée. Je joue donc avec deux paramètres: l'activation du délai, et un réglage du mix entre le son normal et le son des répétitions (réglage via une pédale).
Voilà donc le résultat sur un refrain, avec dans l'ordre:
Rhodes, puis ajout des nappes 1, nappes 2, puis activation du délai, puis augmentation du volumes des répétitions, et je fais ensuite l'ordre inverse. C'est un peu brut, mais c'est pour vous donner une idée.



Voilà, l'idée, ce travail est fait sur chaque morceau. Il ne reste plus qu'à tester tout ça en répétition, pour voir si les sons vont bien avec les autres instruments...





samedi 17 mai 2014

Un concert - Making of - Episode 2: le choix des armes

Hello à vous !

Aujourd'hui, pour la suite de cette série d'articles sur la préparation d'un concert, je vous parle du choix de mon matériel.

Quand je dis que j'ai 9 claviers, les gens sont assez étonnés et ne semblent pas comprendre.
En réalité, c'est très simple. 
Il a des gens qui ont plusieurs voitures, du genre la petite voiture pour la ville, et le break pour partir en vacances.

Pour les instruments de musique, c'est la même chose. A chaque instrument son utilité.

Sur les 9 claviers, j'en ai qui sont spécifiques pour les sons "généralistes", comme les pianos, orgues, violons...
J'en ai d'autres qui sont des vrais synthétiseurs dans lesquels je peux fabriquer un son de A à Z.
J'en ai qui n'ont aucun son, mais qui contrôlent les claviers précédents ou un module de son.

Mon choix de claviers va dépendre des paramètres suivants:

- le type de sons dont j'ai besoin
- le nombre de sons dont j'ai besoin par morceau
- la place disponible sur scène (ce n'est généralement pas le critère le plus important, mais je le prends quand même en compte)

Prenons donc un exemple concret: le concert de de Clara Neville.

Dans ses morceaux, il y a beaucoup de pianos, orgues, et pianos électriques, ainsi que des nappes (accords tenus) de cordes et quelques synthés... bon, manque de bol, ça fait un peu tous les sons.
En fonction des petits ateliers préparatoires (cf article précédent), dans chacun des morceaux, j'ai entre deux et trois sons.
On va jouer dans des salles où je peux prendre 2 claviers.
A partir de là, soit je prends un seul clavier que je sépare en autant de zones que de sons, soit j'utilise deux claviers et je gère les séparations sur chacun d'entre eux.
Je ne m'éternise pas là-dessus, d'abord parce que j'y reviendrai la semaine prochaine dans l'article sur la programmation, et ensuite parce que je ne suis pas encore bien décidé.

Ce qui est sûr, c'est que je prendrai comme base mon Kurzweil PC3. Fidèle à cette marque depuis plus de 10 ans, j'aime le grain de chacun de leurs instruments. J'ai deux claviers de cette marque. Le PC3 a les avantages de ne pas être trop gros (76 touches), d'être très fort dans les sons généralistes, et d'être un vrai synthétiseur, donc pour ce projet spécifique, je pourrai décider de ne prendre que ce clavier. Je vous tiendrai au courant la semaine prochaine sur mon choix définitif.
De gauche à droite:
Studiologic Sl161 (clavier maitre), Kork MicroKontrol (clavier maitre), Acces Music Virus Indigo 2 (synthétiseur, spécialisé dans les sons de synthé, donc non réalistes), Wernick Xylosynth (xylophone electronique, clavier maitre), Mutable Instruments Shrutti (c'est le petit carré blanc sur le clavier, c'est un synthétiseur de sons de synthé), Kurzweil Pc3 (synthétiseur de sons généralistes, mais pas seulement...)



samedi 10 mai 2014

Un concert - making of - Episode 1 - Dérushages


Bonjour à tous,

Aujourd'hui, je débute une petite série d'articles sur ce qui se passe avant un concert.
Beaucoup d'entre vous savent qu'avant de se retrouver sur scène, on fait des répétitions, mais avant ça, il y a d'autres choses.

Et justement, j'ai été contacté récemment par David Keler pour accompagner Clara Neville sur scène,  les 7 et 13 juin prochains, ce qui me donne l'occasion de vous parler des étapes de préparation jusqu'aux dits concerts.
Je ne connaissais pas Clara Neville jusqu'à ce que David m'appelle et me propose de faire partie des musiciens en live. Par la suite, j'ai été écouter quelques morceaux pendant l'enregistrement de l'EP, puis j'ai reçu les titres mixés. C'est là que commence le travail de préparation au concert.

Sur l'EP de Clara, c'est David, producteur et réalisateur de l'album, qui a joué presque tous les instruments. Sur scène, ce n'est pas possible. Il a donc choisi une équipe de musiciens pour accompagner Clara. Il y aura donc David Keler (basse), Luc Durand (batterie), André Margail (guitare), Clara Neville (chant) et moi-même aux claviers.
L'objectif de ces concerts est d'accompagner la sortie de l'EP de Clara, enregistré récemment. Nous allons donc essayer sur scène de nous rapprocher de ce qui a été fait sur ces enregistrements.

Avant toute chose, il faut relever les grilles. Ce n'est pas moi qui ai composé les morceaux, donc je ne les connais pas. Je me les passe en boucle, et note les accords, les sons de claviers utilisés, et les éventuels riffs ou autres mélodies faites par les claviers.

Ensuite, nous nous sommes retrouvés avec David et André pour faire un tri dans les morceaux.
En effet, il y n'y a qu'un seul guitariste, et je n'ai que deux mains...on ne peut donc pas jouer deux guitares à la fois, ou 4 riffs de claviers en même temps, il faut donc choisir, pour chacun de nous, ce qui est le plus pertinent à jouer, c'est-à-dire ce qui s'approche le plus possible du morceau original.

Puisqu'on ne peut pas tout jouer, il y a plusieurs solutions:

- soit on décide de lancer des samples (parties enregistrées). L'avantage de cette méthode, c'est qu'il est possible de refaire sur scène tout ce qui a été fait en studio. Personnellement, outre les contraintes techniques que cela occasionne (obligation pour le batteur de jouer au métronome), je trouve qu'on perd un peu en spontanéité sur scène.

- soit on décide de ne pas les jouer du tout. L'avantage est que tout est vraiment live, mais du coup, il manque des choses par rapport à l'album.

David Keler et André Margail
Avec André et David, on est d'accord: il y a certains morceaux où il y a des bruits, ou un accord de synthé qui tient tout le long du morceau... ce sont des éléments non rythmiques, qu'on a choisi de lancer en samples (c'est moi qui les lancerai, je vous en dirai plus dans un futur article).

Pour les autres parties instrumentales qu'on ne peut pas jouer, on a décidé... de ne pas les jouer, quitte à modifier les parties que l'on joue pour en faire des parties hybrides, qui regroupent l'essentiel des éléments de chaque partie. Par exemple, André se retrouve à jouer une partie d'accords plaqués et d'arpèges en même temps, alors qu'il y avait deux parties séparées sur l'enregistrement. Compromis oblige, il ne joue ni la partie d'arpèges ni la partie d'accords telles qu'elles étaient sur l'enregistrement.

Voilà, vous avez là un bref aperçu du travail de préparation à un concert. Il y aura d'autres articles sur les autres étapes, telles que la répétition, les balances, la programmation des claviers...

A bientôt !

samedi 3 mai 2014

L'inspiration

Bonjour à tous, alors que je finis le 9e morceau de mon album, aujourd’hui, je parle de l’inspiration.

Comment vient-elle ?
Si je commence par ça, c’est simple

ment parce que pour moi, l’inspiration est partout, constamment. Il n’est donc pas question de trouver l’inspiration, mais de la saisir.
L’objet de cet article est surtout de vous indiquer comment je fais pour la canaliser et la fixer.

En effet, si mon inspiration est partout, je n’y suis pas sensible tout le temps. Il m’est par exemple impossible de créer quoi que ce soit le matin. La fatigue et le stress sont également des situations qui ne me permettent pas de saisir l’inspiration. 
Pour ce faire, il faut réussir à trouver un état de transe, c’est-à-dire se retrouver dans une situation où l’esprit va se détacher de ce qui se passe au moment présent pour vagabonder ailleurs.

Personnellement, la lumière et la luminosité jouent beaucoup. Dès que la lumière ambiante change, que la nuit tombe, ou si un gros orage arrive, il se passe quelque chose. C’est principalement pour cette raison que je vis en décalé, me levant tard, et me couchant tard (pour quelqu’un de normal). Disons que quand quelqu’un fait 9h-18h, moi je fais plutôt 17h-1h. N’ayant pas une grosse envie d’attendre que la nuit tombe pour commencer à travailler, je réussis à créer une ambiance lumineuse en tirant les rideaux, fermant les stores, et en jouant sur l’éclairage. 
A partir de là, je suis généralement dans des conditions optimales pour saisir l’inspiration.

Et justement, la question est maintenant de savoir comment la fixer.
L’expérience m’a bien fait comprendre qu’il ne faut surtout pas que je compte sur ma mémoire, je n’ai donc que deux méthodes pour me souvenir de ce qui me vient: l’audio et l’écrit.

Pour l’écrit, pas de secrets. J’ai un petit carnet à musique Moleskine qui n’est jamais très loin de mon portefeuille, ceci pour parer aux éventuelles inspirations qui viendraient alors que je ne suis pas chez moi.
Chez moi, c’est un peu plus facile, j’ai également du papier à musique à portée de main, et j’utilise également un logiciel sur ipad appelé Noteshelf, et un stylet. Dans ce logiciel, j’ai des classeurs virtuels dans lesquels je note les inspirations qui me viennent. L’avantage de ce logiciel, c’est que je peux définir le papier sur lequel j’écris, je peux donc avoir des portées pour écrire des notes de musique, mais aussi des pages standard pour écrire des grilles d’accord ou des textes.

Pour l’audio, ce n’est pas très compliqué non plus. Si je ne suis pas chez moi, j’utilise le dictaphone de mon téléphone, et je chante dedans.
Si je suis chez moi, j’ai généralement mon logiciel de son ouvert et prêt à enregistrer.

Qu’est ce que je fixe ?
Généralement, c’est quelque chose que j’entends. Ca peut être une mélodie, une suite d’accords, un rythme, une orchestration. La plupart des morceaux que j’ai composés sont partis d’une idée que j’avais notée en entendant quelque chose, sans forcément qu’il y ait de rapport. Par exemple, une phrase de film pourrait me faire imaginer un paysage, lui-même pouvant m’inspirer une mélodie. Dans ce cas, je vais écrire la phrase, puis ce que ça m’inspire...

Voilà, maintenant, vous savez tout sur mon rapport à l’inspiration. J’ajoute que ça parait simple, mais ce qu’il faut préciser, c’est que l’inspiration peut être bonne ou mauvaise, et que même dans des bonnes conditions pour saisir l’inspiration, j’ai déjà jeté pas mal de papier à musique, effacé des enregistrements, oublié des grilles...

Je sais qu’il y a dans les lecteurs de ce blog d’autres artistes, alors n’hésitez pas à commenter et à dire d’où vous vient l’inspiration.

A la semaine prochaine !